La lettre d'Henri Chas du 30 décembre 1914
Le 23/11/2015 à 13h12 par Valentine Bouchez

Armentières, le 30 Xbre 1914

 

Ma chère Marguerite,

 

J'ai bien reçu ta lettre du 26. As-tu reçu les miennes ainsi que celle écrite à Henri. Je l'ai télégraphié hier pour vous envoyer mes [souhaits] et je te prie de vouloir bien être mon interprète pour les faire et les adresser à tous les membres de la famille. Je n'ai pas le temps d'écrire à chacun, et je te charge de le faire pour moi. Il est facilement aisé de comprendre que je suis plus qu'occupé attendu que je suis seul – Villard, fatigué, est parti, et viendra te voir, tu auras des détails par lui, je l'ai chargé de t'embrasser.

 

Conem a son fils Charles à Ypres, […], il est allé jusque là pour essayer de le voir et si possible de le ramener.

 

Plus d'obus depuis le 20 - mais des Anglais, toujours des Anglais.

 

Au tissage rien de nouveau - le stock s'en va et si le sort continue à me [favoriser], je pourrai dire que je dois être compris dans les privilégiés.

 

Je t'ai donné des renseignements sur mes actes et sur ma vie plutôt agitée, mais cela ne me dérange pas, j'aime l'activité et les [solutions ...].

 

Remercie les enfants de leurs lettres je leur répondrai de vive voix et leur raconterai en détails tout ce que j'ai vu, vécu et dû faire.

 

Je ne crois pas que nous puissions être à Lille avant fin Février, c'est long mais nous aurons la victoire. Je regrette ce délai mais je ne veux m'absenter avant que ma ville soit à l'abri des obus et des bombes incendiaires. Tu le comprends; c'est très bien et je t'en félicite. Je viendrai passer le jour de l'An à la Mairie et le soir j'irai souper à Hazebrouck chez le Sous Préfet qui [est charmant à tous les points de vue]. Je penserai à [...] et à toi et je boirai à votre santé et à la grande victoire des Alliés.

 

C'est la guerre, c'est vrai, guerre meurtrière et dévastatrice mais soyons encore heureux parce que nos fils ne sont pas sous les armes. Combien d'autres ne peuvent pas en dire autant.

 

J'ai du interrompre ma lettre, visite d'officiers anglais venant réquisitionner ma machine à écrire, un tapis et un [bon feu] c'est la troisième fois qu'ils viennent à ce sujet, c'est insensé !

 

Il fait une tempête terrible, vent pluie et cette nuit un orage corsé. Je plains les malheureux dans les tranchées.

 

Te renouvelant mes meilleurs souhaits pour 1915 je te prie de les transmettre à ta Mère, sœurs, beaux-frères, oncles et tantes et je t'envoie de nombreux baisers à distribuer aux enfants et aux parents.

 

Bien tendrement je t'embrasse.

 

Élise va bien - elle t'écrira la fois prochaine.

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