La lettre d'Henri Chas du 25 décembre 1914
Le 23/11/2015 à 13h11 par Valentine Bouchez

Le 25 Xbre 1914

11 heures matin

 

Ma chère Marguerite,

 

Je t'écris d'Hazebrouck où je suis venu régler des factures de sel, chocolat, pétrole, farine, bougies. J'ai pu me mettre en rapport par l'intermédiaire d'un ami, le docteur Gilbert de Paris actuellement médecin militaire à la 9e compagnie de [...] avec un Monsieur [...] de Paris qui s'occupe du ravitaillement.

 

Ne prête aucune importance aux articles des journaux qui sont tous plus ou moins fantaisistes.

J'ai pris rendez-vous pour lundi avec les correspondants des journaux Le Petit Parisien et l’Écho de Paris qui feront eux un récit […] du bombardement et ses [...] à Armentières.

 

Pour ta gouverne au tissage il n'y a [pas pour] 400 francs de dégâts, quelques carreaux brisés et un [pan de mur] entre la salle de la machine et l'écurie - on exagère toujours.

 

Depuis dimanche pas un seul obus, c'est pour ainsi dire la tranquillité.

 

Je vais la navette en auto entre Hazebrouck, Dunkerque et Armentières et je couche ou chez Villard ou chez le Procureur à Hazebrouck ou à la Sous-Préfecture à Dunkerque.

Je vais très bien et supporte assez gaillardement ces randonnées en auto. Mais il faut que je sois toujours dans ma ville et je dois passer 4 à 5 heures par jour à la Mairie.

 

J'ai écrit dimanche et lundi, [j'ai écrit à ...]

Par l'intermédiaire du Sous-Préfet j'ai reçu le [colis]. Merci pour les marrons glacés, j'ai remis à Élise le chocolat.

 

Ce soir je dîne avec le Sous-Préfet et des officiers. Je repars demain matin pour Armentières.

 

Villard a passé le conseil de réforme hier, il a été définitivement réformé.

Je le trouve fatigué peut-être le [déciderai-je] à aller se reposer quelques jours, mais […].

 

J'espère que tu auras fait bon voyage à Paris et que vous allez tous bien.

 

Dés que le calme me le permettra, je viendrai vous voir mais c'est très difficile d'obtenir un laisser passer pour prendre le train ou circuler en auto. Le permis que j'avais a été annulé et j'ai du aller avant-hier à Cassel en demander un autre au Général Foch.

La consigne est sévère, on a raison car il y a tant d'espions - c'est incroyable.

 

On espère aller à Lille sous peu, quand ? Voila la question.

D'Hazebrouck on [… une canonnade intense, du côté de La Basssé]

 

Je te prie d'embrasser les enfants et la Mère pour moi, [amitiés à les soeurs et Honoré,] aux oncles et tantes et pour toi mes bons baisers.

 

Le Sous Préfet m'attend, je vais rendre visite à mes vieux de l'hospice ; et leur offrir une petite gourmandise.

 

Si je ne t'écris pas tous les jours c'est que je n'en ai pas le temps, je suis toujours harcelé par une chose ou par une autre.

 

Bons baisers.

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