La lettre d’Élise à Madame Chas du 25 décembre 1914
Le 23/11/2015 à 13h10 par Valentine Bouchez

Hazebrouck, le 25 décembre

 

Madame,

 

Hier soir j'ai reçu le paquet que vous aviez eu l'amabilité de m'envoyer, ce dont je vous remercie beaucoup, car votre délicate attention m'a touchée. Monsieur a goûter les bons marrons en famille, ils étaient bons et beaux, ainsi que les fins chocolats ;

 

Madame, Monsieur va bien quoique il y a plusieurs jours il rentrait le soir bien fatigué de tous ses trajets d'auto qu'il fait journellement entre Hazebrouck-Armentières et parfois ennuyé et contrarié des choses ne marchant pas à la Mairie ou il n'y a pas grande entente entre Mr Villard-Conem-Graignon pour la distribution des vivres où Conem veut toujours agir en maître ce qui mets Monsieur en colère et qui lui fait tort, aussi a-t-il été trouvé Monsieur Briquet qui lui a donné une potion calmante de sorte que hier Il était mieux et aujourd'hui très bien; Madame ne vous tourmentez donc pas, car depuis quelques jours quelqu'un avait fait courir le bruit comme quoi Monsieur avait été arrêter comme espion et était même fusillé, comme vous voyez les envieux et les jaloux le suivent partout, sans doute voudrait-on le nuire, voyant combien Monsieur se multiplie et se dévoue et en le voyant en si bonne relation qu'Il arrive à passer où d'autres n'entrent pas, enfin Madame ne vous en effrayez pas surtout, l'essentiel que Monsieur va bien et qu'Il ne fera rien dont il aurait un jour à en rougir, il reste digne de son nom.

 

Pour le tissage Madame les dégâts sont beaucoup moins important qu'on avait supposer, quelques centaines de francs et le veilleur de nuit est en voie de guérison. Vous comptez toujours dans les privilégiés, la situation d'Armentières s'améliore un peu car depuis dimanche il n'y a plus eu d'obus mais les boches sont toujours à Frelinghien et peuvent recommencés si le cœur leur en dit.

 

Jules Meurin couche à la cave à la maison avec Duhem, sa femme, sa fille et leurs enfants de sorte que la maison est bien gardée en attendant que nous puissions rentrer; d'Elisa ni de Sophie Charlet plus de nouvelle, la femme et la fille de Désiré sont rentrés à Armentières leur maison n'ayant plus rien attrapée et son garçon est dans les environs de Paris.

 

Les vieillards de l'hospice d'Houplines sont arrivés ici après avoir vécus 15 jours dans les caves, ils sont ici prés de ceux d'Armentières arrivés depuis un mois.

 

Au revoir Madame j'espère que ma lettre vous trouvera en bonne santé ainsi que toute la famille.

Veuillez présenter mon bon souvenir à ses Dames aux enfants et garder pour vous Madame l'assurance de mon entier dévouement.

 

Élise

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