Les Près du Hem
Le 12/08/2021 à 17h48 par Archives municipales
Résumé

La base de loisir fête cette années ses 40 ans, mais qu’est-ce que c’était avant ?

 

 

Vue des Près du Hem dans les années 1980, photographie de Jean-Pierre Lefrançois - 3 Fi 3591

 

Qu'apprend-on dans les archives sur les prés du Hem ?

« Les prés apparaissent successivement dans une sentence de Louis de Malle, comte de Flandre, en 1376, puis dans une ordonnance de Charles Quint en 1514, et dans de nombreuses requêtes, enquêtes et expertises. Le sujet de ces écrits : l'opposition permanente, entre d'une part les fermiers et le seigneur des moulins à eau d'Houplines, pour qui les eaux devaient être au niveau le plus haut possible, et, d'autre part, les fermiers et les seigneurs d'Armentières et autres, dont l'intérêt était de pouvoir faucher leur foin et élever les moutons dont la laine approvisionnait la draperie. En 1505, Armentières possède en effet le troupeau le plus important de la châtellerie de Lille. Il compte 1 609 têtes. »

 

Comment se rendait-on à Armentières, dans les prés ?

« Il existait sans doute depuis fort longtemps deux chemins : le chemin des prés Duhem qui passait par les actuelles rue des Prés et rue du Nord, et le chemin du bac du Crocq, qui empruntait la rue de Kemmel pour desservir l'actuel foyer Brossolette où se trouvaient vraisemblablement l'ancienne cense du bac du Crocq et son bac. Ce bac fut en effet pendant plusieurs siècles le point de passage vers Nieppe, avant la création du pont de pierre en 1759. On trouve aussi la trace, avant 1914, d'un autre bac ou tout au moins une barque régulière qui transportait les Armentiérois à la Clef de Hollande.»

 

Les prés ont aussi une position particulière, sur la frontière...

« Le traité de Courtrai de 1820 fixe définitivement la frontière sur la rivière le long des prés. Cette position va faire du quartier un haut lieu de la fraude en tout genre, et surtout de la fraude du tabac. Avant 1914, ce quartier est considéré comme un quartier de fraudeurs. Les douaniers y dressaient des embuscades, de jour comme de nuit, sur la terre ou sur l'eau, pour tenter de surprendre les contrebandiers qui franchissaient la rivière.

Même si, sur des cartes postales convenues d'avant 1914, les choses semblent se passer en douceur, les rencontres étaient parfois violentes. Les coups de feu n'étaient pas rares. Le 3 mai 1945, les douaniers vont réussir à faire, au pont de l'Attargette, une prise record de 150 kg de tabac. »

 

Visite de douane au pont de l'Attargette, avant 1914 - 4 Fi 33

 

Que peut-on dire sur les prés pendant les deux guerres mondiales ?

« Leur configuration et l'importance stratégique du pont de Nieppe vont faire du quartier un haut lieu de combat lors des deux guerres. En octobre 1914, lors de ce qu'on a appelé "la course à la mer", la route de Nieppe verra les allées et venues des troupes allemandes. Le samedi 17 octobre, le 1 er bataillon du Royal Irish Fusiliers, de la 6e division britannique, entre à Armentières par le pont de Nieppe. Constamment bombardé comme le reste de la ville pendant quatre ans, le quartier et les prés vont connaître des moments dramatiques. Le pont de Nieppe sera finalement détruit. Il a été reconstruit après la Grande Guerre. Les troupes françaises le feront sauter en mai 1940. »

 

Autre sujet, les inondations : la ville a longtemps lutté contre…

« Le syndicat de desséchement des marais des prés Duhem se constitue en 1851. Dès 1852, pour réguler l'inondation des prés, on établit à l'Attargette un siphon sous la Lys afin de déverser le trop plein d'eau au Nord de la ville. En août 1853, on construit cette fois une écluse à vanne. Pendant des siècles, on luttera contre les inondations. Les prés et la ville subiront des crues qualifiées d'exceptionnelles, mais cependant régulières. On pense régler le problème par une première dérivation terminée en 1879, qui contourne l'agglomération par le Nord. Les espoirs sont vite déçus : les inondations se reproduisent. De 1952 à 1958, on creuse le deuxième canal de dérivation à l'arrière de l'église Saint-Louis. Le quartier est alors séparé de ses prés qui deviennent alors deux îles sur lesquelles se poursuivent l'exploitation des fermes Delemotte et Demon. Mais on ne peut cependant pas dompter entièrement la rivière, qui déborde encore en 1953, puis en 1964, 1974 et 1994. »

 

Inondation aux Près du Hem en 1952 - 3 Fi 13765

 

C'est en 1967 que germe l'idée de la base de loisirs…

« Oui, le maire Gérard Haesebroeck y pense cette année-là. C'est en 1968 que l'on envisage plus précisément la création de plans d'eau avec un double objectif : créer une zone de loisirs pour la voile et la pêche, et disposer de réservoirs de stockage pour l'autoépuration des eaux de la Lys. l'utilité publique est déclarée en 1974. Les travaux sont menés de 1976 à 1981, 72 riverains et propriétaires sont expropriés. Coût de l'opération au 28 mai 1981 : 4 milliards de francs. Le 4 mars 1978, on met en eau le bassin de la future base des Prés du Hem. L'inauguration a lieu le 28 mai 1981. »

 

Travaux d'extension du plan d'eau de la base de loisrs en 1979, photographie de Jean-Pierre Lefrançois - 3 Fi 3630

 

Interview de Régis Casier, directeur des Archives municipales d’Armentières par la Voix du Nord, le 29 mai 2011.

 

 

► Retrouvez toutes les photographies de l’aménagement de la base de loisirs des Près du Hem dans la rubrique « archives numérisées ».

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